- Ralentissor a écrit:
- Alors ?
Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ?
Comment ça s'est passé ?
T'es finisher ?
Faut nous dire.
Voilà, voilà j'arrive.
Je suis venu,
j'ai vu
et j'ai vomu.
(Veni, vidi, vomi en latin)
Il s'agissait donc du triathlon longue distance de Gérardmer : 4 km natation, 120 à vélo et 30 à pieds.
L'eau était annoncée entre 17 et 18°, c'est assez frais mais encore bien supportable, surtout quand le soleil chauffe un peu le dos au travers de la noire combinaison. Je pensais mettre environ 5 minutes de plus que sur les 3.8 km d'un IronMan. Je me suis bien trompé : 1h 33', ce qui est un bon quart d'heure de plus que mes précédents chronos sur 3.8 km... Décidément cette natation recèle encore beaucoup de mystères. J'ai un peu grelotté durant le change car on était sous une tente ouverte à tous les courants d'air, une fois sorti au soleil l'impression était nettement meilleure.
J'attaque le vélo sans me poser de question sur le rythme cardiaque puisqu'il est à peu près établi à présent qu'il n'intervient pas dans la survenue de ces fameuses nausées. Je reste toutefois en permanence en dessous de 160 bpm. Ce parcours vélo est très agréable, le temps est bon, un peu de vent dans le nez mais aussi un peu dans le dos. Le profil est assez ondulé : je mesure en effet 2100 m de dénivelé positif sur ces 120 km, ce qui le place à environ 3200 m de D+ ramené à une distance IronMan (180 km).
J'apporte une attention toute particulière à l'alimentation : gels, compotes énergétiques, barre, Gatosport, compote non énergétique... 4h 46' au final pour un vélo tranquille mais pas peinard (pas comme à St-Rémy-sur-Durolle).
Jusque là tout va bien.
La course à pied démarre bien (je n'ai pas dit démarre fort), je suis à peu près à 10 km/h (6' au mille) et je continue de m'alimenter avec un gel et un demi verre d'eau à chaque ravitaillement (le gel me dure presque un tour et c'est là l'erreur). Je pense -avec un peu de recul- que je n'ai pas assez mangé (et bu) en début de course à pied... au bout d'un tour (7.5 km) je me prends à rêver d'enfin terminer un triathlon autre que CD sans nausée (mis à part le Norseman de l'an dernier qui reste encore un grand mystère)...
Le rêve est de courte durée.
Dès le deuxième tour (il fallait en faire 4) je commence à avoir du mal à boire l'eau. Il faut que je marche assez longtemps pour laisser passer les nausées consécutives à l'absorption... A chaque ravitaillement les nausées se font plus pressantes et plus longues. Là je sais que le point de non retour est franchi. A présent je ne peux plus rien mettre aux lèvres, je marche en me tenant le ventre, je me fais doubler par des gens qui marchent à 5 à l'heure... Le calvaire commence : environ 2 heures pour faire un tour, je suis à 3 km/h de moyenne...Je grelotte à l'ombre et explose au soleil. Je vois Bilbo qui fait un bout de chemin avec moi, je vois Eric Barbot qui me propose de marcher avec lui, mais je ne peux pas suivre sa marche, il va beaucoup trop vite. On est dans le dernier tour, je vais de plus en plus mal. Le plus triste dans l'histoire c'est que je n'ai pas mal aux jambes, j'en vois quelques uns qui prennent des crampes, qui s'étirent...
Plus que 1 km.
Je commence à appréhender l'arrivée, je ne pourrai pas courir, je vais être filmé et photographié dans cette posture (je me tiens le bide et j'ai la tête qui tombe, je regarde mes pieds) je ne changerai pas d'attitude même sur la ligne d'arrivée, c'est impossible. Qu'est-ce qu'ils vont dire de moi les speakers ? Je suis sûr que tout le monde arrive en courant, ne serait-ce que les derniers 30 m, moi non. Non c'est non, j'ai trop de nausées.
Et après l'arrivée ?
Après l'arrivée il va falloir que je récupère mes sacs (3 au total) je pense très honnêtement que je ne serai pas capable de faire ça. Pire encore : il faudra que je remonte sur le vélo avec mes 3 sacs en bandouillère pour rejoindre le camping à 2 km de là. Ca c'est sûr je ne pourrai pas le faire. Oh ce que je suis mal... je suis à 2 km/h au bord de cette route. Je repense à tout cet entraînement qui n'a servi à rien cette année, la "malédiction" des nausées me poursuit. Pourquoi n'en ai-je pas eu au Norseman de l'an dernier ?
Plus que 750 m.
Là je vomis de la bile. Je suis à 4 pattes au bord de la nationale, un VTTiste vient me voir. Attention ! je roule par terre et juste à droite il y a le Lac, faut pas que je tombe dedans. Je m'accroche à l'herbe lors de mes convulsions. Le VTTiste me parle, je ne le comprends pas, j'ai le ventre qui veut sortir par la bouche. Pas question, je ne le laisserai pas faire.
Ensuite il se passe quelque chose d'assez inhabituel, que j'avais ressenti à la Marmotte en 2004 : brutalement je redeviens normal. Je n'ai plus chaud, plus froid, plus mal au ventre, plus de nausée... J'entends le VTTiste effrayé (ceux qui m'ont vu à l'oeuvre savent qu'il y a de quoi l'être, effrayé) qui me demande "vous avez besoin d'aide ? ça va aller ?". Je dois lui répondre quelque chose dans ce genre "mais oui ça va très bien pourquoi me demandez-vous ça?" et je me surprends à courir de plus belle, laissant le VTTiste complètement médusé au bord de la route.
La ligne d'arrivée est passée en courant facilement, je pousse même un tout petit peu l'allure pour finir en moins de 11h... Pas de problème pour retrouver les sacs, pour retourner au camping. Je m'allonge sous la tente, les nausées reviennent un peu, rien de bien méchant. L'erreur (commise plusieurs fois) aurait été de boire à cet instant. Surtout pas ! sinon c'est 1 heure d'enfer assuré. Je m'endors en me disant que je boirais uniquement à 23h 30 et pas avant. C'est ce que je fais et le reste de la nuit se passe bien.
Restons optimiste.
Il y a un mieux vis-à-vis de Nice en 2004 (même format de triathlon) où j'avais les nausées avant la fin du vélo et où j'avais fini à 5 minutes du hors délai. Samedi dernier, j'en étais à 2h du hors délai. Il faut à présent que je me concentre sur cette alimentation en tout début de course à pied.
Le combat continue, ce n'est pas un triathlon qui va faire la loi : je l'aurai un jour !
J'ai perdu une bataille mais je n'ai pas perdu la glaire.
M