La suite du REV s’annonce donc sous de meilleurs auspices. Apres la descente sur Masevaux, je crains de commencer à connaitre une première fatigue. Les jambes répondent bien cependant pour attaquer les montagnes russes jusqu'à Giromagny. Toutefois, à l’occasion d’une relance en danseuse, je sens une souplesse inhabituelle dans la roue avant.
Damned,
il semblerait que le pneu avant se dégonfle. Je décide d’attendre Giromagny pour réparer et en profiter pour satisfaire un besoin naturel. Là, je découvre qu’un minuscule caillou a réussi à percer la carcasse de mon pneu juste à l’endroit du mot « Light ». « Pas sur que ce soit les pneus adaptés pour ce périple » Je sors illico la chambre de rechange et commence à gonfler quand tout à coup elle éclate. Inutilisable !!!
Une chambre neuve pourtant !!!!
Pris de panique, j’interpelle deux jeunes cyclistes qui descendent du ballon.
Ils n’ont pas de chambre à air soi disant !!!
Mon œil ???
J’essaye donc de localiser le trou sur la 1ere chambre mais il est tellement petit que je ne le trouve pas.
Je décide donc de la remettre et gonfler en espérant qu’elle « tienne » jusqu’au ballon. J’attaque donc le ballon en guettant inquiet mon pneu avant. Cet épisode m’a pompé du jus mais je monte bien en pestant contre ce petit quart d’heure perdu. A 2 kms du haut, le pneu commence à sérieusement s’affaisser et j’atteins le ballon sur la jante. Heureusement mon sauveur J-C et l’assistance technique sont là.
Le temps de changer la chambre et piocher une première fois dans la réserve de chambre à air et je suis reparti tambour battant dans la descente vers St Maurice. Le Thillot, col du Ménil avalé sur le 53 dents. Le col d’oderen sous le soleil passe bien aussi. Attention de bien s’alimenter avant le prochain gros morceau : le Markstein. Je zigzague au milieu des vacanciers vers Kruth et j’attaque l’interminable montée qui commence rudement. La pente s’adoucit ensuite et je me permets de repasser la plaque a l’occasion. Les jambes sont encore là …..
La 806 de J-C me repasse. Mais, je commence à nouveau à être inquiet pour la météo. Des nuages très sombres semblent stagner du coté de la Bresse. Au sommet, l’uris se met à souffler et une mini tempete commence juste lors de mon arrivée au ravito. J’enfourne les tranches de cake aux fruits et me remplit les poches. J-C me propose un coupe vent. J’hésite un moment .. Non, « ca va s’arranger, à la Bresse ce sera sec » que je me dis …..
J’attaque la route des crêtes sous les rafales. Attention à ne pas louper la route des amerloques. J’amorce la descente au paroxysme du déluge. Je peste contre une voiture qui descend comme une tortue. Les patins de frein gémissent à nouveau. Qu’elle est pourrie cette route !!! Attention à la chute, ce serait dommage que tout s’arrete ici. A la bresse, je suis trempé jusqu’ a l’os. Va pour le col de grosse pierre. Damned !!
la DDE a refait la route et un bitume hyper granuleux a laissé la place au billard de l’an dernier. Ici aussi l’hiver a laissé des traces.
J’atteins Gerardmer. J’avoue que je me souviens plus de grand-chose de cette ville réputée pour son temps pourri et son lac ..très froid. Je navigue à vue, les lunettes embuées. Juste le temps que quelques souvenirs de vacances me reviennent au passage d’une intersection ou tronent des statues d’animaux en bois. Je veille simplement à ne pas louper la route du col de Surceneux ou la pluie a la bonne idée de cesser. Mais la route reste humide. Prudence donc jusqu'à Plainfaing. Ensuite, se présente le col du bonhomme, réplique du col du Pin Bouchain en plus long. Comme sur la nationale 7, les accidents de la route y sont légion. Je découvre d’ailleurs une voiture dans le fossé dans une épingle. Les pompiers arrivent juste. Plus de peur que de mal. Je trompe l’ennui dans cette montée monotone en récapitulant les difficultés qui arrivent. Je suis à la mi parcours mais le gros est encore devant : petit ballon, Platzerwasel, grand ballon, Hundsdruck et encore les ballons d’Alsace et de servance !!!!! Que ce sera long
Le sommet enfin, je tourne sur une route forestière plus sympa. Au col de louchpach, un cerf majestueux me coupe la route. Que c’est gros ces bestiaux !!!!
Le col du calvaire enfin !!!
Il est 20 h 43. Et malgré mes quelques déboires, je viens d’avaler les 311 kms en 11 h 43. Je tiens mon plan de route. Au moment de prendre mes affaires de nuit, on me prévient que J-C ne s’est pas encore pointé. Mon gilet et ma frontale ne sont donc pas encore là. Je prends ca comme un signe qu’il faut que m’accorde une pause avant d’attaquer la nuit. J’en profite pour dévorer des sandwichs. Une petite soupe qui réchauffe le gosier. 20 h 51, J-C arrive pile poil. Apparemment, la météo ne se calme pas sur la routes des cretes. J’enfile l’équipement fissa et je répare dans le brouillard pour le col de la Schlucht. Puis descente magique alors que la luminosité commence a sérieusement décliner. Puis col du Wettstein ou je croise quelques locaux étonnés de voir un cycliste à cette heure. Le col est avalé à bon train. Je me sens de mieux en mieux ….
Mais attention quand même.
Descente pas Basses huttes. Orbey enfin dont je garde un mauvais souvenir de l’an dernier ou j’avais tourné pendant un quart d’heure pour trouver la route. L’expérience de 2008 est utile : ne pas se fier aux panneaux indiquant le linge en sens inverse et prendre direction « trois-épis ». La nuit noire arrive dans la montée. En haut, je suis surpris par le contôle « secret ». J’ai l’impression de m’arreter toutes les 5 minutes et de perdre un temps fou Laisser moi rouler bordel!!!!
J’avale le gateau au noix fait maison. « c’est le même que l’an dernier non ??? ». Le charmant bénévole me le confirme. Le temps de féliciter sa femme et je repars à l’instant même ou une voiture se pointe sirène hurlante . « Quoi, un assisté ??!!, je les avais oublié ceux là !!! ».
J’attaque la descente prudemment et le gus de derrière ne tarde pas à être sur mes talons. Il me double en coup de vent et me félicite. Il descend comme un dingue. Il relance même dans les virages tandis que moi je suis en roue libre. Impressionnant !!! L’idée de prendre son sillage me traverse l’esprit. Trop dangereux, je vais plutot gérer.
Le petit ballon se profile. J’entends la voiture quelques lacets plus haut. Je monte à mon train et j’atteins le ravito quelques secondes après le départ du dénommé Ballan. Je me sens encore frais, mieux que l’an dernier. Je reconnais les bénévoles. Une petite soupe, du pain et c’est reparti. J-C me met en garde : la descente est gravillonnée. En plus, il se remet à papilloner dans la lumière de la frontale : la descente est humide. Je me rends vite compte que le plus délicat provient du fait qu’il n’y a pas de bandes blanches centrales. Pas l’idéal dans le brouillard avec simplement la frontale. Malgré mon extreme prudence, je manque de peu une sortie de route dans un virage gravillonnée doublé d’une ornière. VINEr a eu chaud. Sondernach enfin !!!
Le voilà ce village qui hante mes rêves/cauchemards depuis des nuits. A nous deux maintenant le Platzerwazel !!!
Manque de pot, voici donc que la roue avant donne des signes de faiblesses …. Crevaison encore. Pris par la fatigue et par la volonté de ne rien céder à ce satané de concurrent assisté, je ne me donne pas la peine d’inspecter en détail la carcasse de pneu.
A l’extérieur, ca a l’air bon. Peut être que ce n’est pas un silex cette fois…. J’utilise la dernière chambre à air et regonfle tant bien que mal. Les premiers kms de ce col maudit se montent doucement. J’ai le temps de cogiter. « Plus de chambre à air de rechange, il va falloir croiser les doigts pour que tout se passe bien jusqu'à Wattwiller ». J’ai a peine le temps de me dire ca que j’entends un petit bruit qui revient comme un métronome a chaque tour de roue.
Argh !!! Crevaison encore. Je décide m’arreter lorsque ce n’est plus possible de rouler.
Sur la route des crêtes à 2 h du mat’, voila t y pas que je me retrouve planté avec comme seule perspective que de réparer ma pauvre chambre à air avec l’une des deux rustines qui restent dans mon nécessaire de réparation. Le cauchemar s’accomplit !!
J’avoue avoir été pris momentanément par un découragement certain. A ce moment là, je n’aurai pas hésité longtemps à « bacher » si une voiture s’était pointé et m’avais proposé une place bien au chaud. Bizarrement, dans mon imagination, le conducteur aurait le visage d'un certain Thierry Robert. Mais qu'est ce que ce ralentissor pourrait bien faire là à 2 heures du mat' ??
Je dois m'assoupir
Mais … on était sur la route des cretes à 2 h 00 du matin et un crachin brumeux renforcait encore le sentiment d’isolement. J’entame donc la réparation. Je me vois encore illuminant le pneu avec ma simple frontale qui donnait déjà des signes de fatique. Je détecte ce satané silex, toujours logé à proximité du L de « Light » écrit sur le flanc du pneu. Il était pourtant largement détectable à l’intérieur. Un peu de dissolution, on attend que ca séche …. pb : la bruine empêche le tout de prendre. Je pose quand même la rustine qui se décolle aussi sec …. Tant pis, je remonte le tout en espérant qu’avec la pression du pneu ca « tiendra ». Je gonfle léger et c’est reparti.
J’avance au pas en éclairant les bandes blanches jusqu’au Grand ballon …Descente « Mais que font ces pavés dignes de Paris Roubaix dans cette satané descente … !!! » Heureusement le brouillard se dissipe et je peux rouler à une allure plus conforme. Col Amic. Quelques coups de pédales vers Vieil Armand et voila ma pédale qui se désolidarise du pédalier …. L’ai déjà connu ces déboires du a un défaut des Time RXS qui se dévissent. Je reviens sur mes pas pou chercher le morceau de pédales pendant 5’ pour m’apercevoir après coup que …. Elle est resté accrochée à ma chaussure pardi. Que de temps perdu !!!
Dans la tête ca va pas fort. Moi qui pouvait espérer les 24 h au col du calvaire, je me vois très loin
. Heureusement J-C mon St Bernard de circonstance refait son apparition. Le temps de lui expliquer mes déboires qu’il se propose de méclairer dans la descente sur Uffholtz pour regagner un peu du temps perdu.
OUF !!! Ca va mieux. Je peux espérer le bout du tunnel et réparer tranquillement a Wattwiller. J’avale la descente comme un funambule.
Quelle différence lorsque l’on est éclairé par les phares d’une voiture !!!!
A Wattwiller, je retrouve avec plaisir l’ami Pascal Bride, entrapercu aux trois cols. Il fait bon ici. Meilleur qu’en haut !!!
L’assistance technique s’occupe de remplacer la chambre et regonfler pendant que je m’occupe du flanc maison ….. Et les petits bouts de gateau chocolat, ils ont pas l’air mauvais …
Apres avoir dévasté le ravito, je repars totalement regonflé. A moi le viel armand !! Avalé presqu’aussi vite que les barres de céréales. Descente sur Thann, le Hundsdruck est passé à la moulinette malgré les derniers kms pentus. Je reprends espoir : peut être que les 25 h ne sont pas perdues mais il faudra pas faiblir. J’entame la longue remontée vers le pied du grand ballon quand les premiers rayons de soleil réapparaissent. La 806 me dépasse à nouveau. A Sewen commence la belle et pénible montée. Dernier km interminable. 95 m de D+ dans cette dernière borne en ligne droite. Dur dur mais j’ai pas trainé.
Il est 7 h 30 quand je rejoins le ravito de plancher les mines. L’ami J-C a pensé à moi en me gardant quelques miettes du ravito prcédent. Le camion n’est pas encore arrivé et à part ca, y’a plus rien a bouffer !!!!
Je suis cnfiant pour les 25 h. Il me reste 2 h 30 pour les 70 derniers kms.
Cette fois ci, je vois le bout du REV
Plus que satané ballon de Servance. Sa route minuscule et granuleuse. Que c’est long ces 3 derniers kms. Le sommet enfin !!!
Je me laisse glisser dans la descente toujours humide. A 500 m du col des croix, rebelote. Crevaison à l’avant. Toujours un silex, toujours au même endroit.
Apres avoir dévasté le stock de chambre à air de l’assistnce, j’utilise la dernière. Regonfle comme on peut. Et zou qu’on en finisse. J’avale la descente mais les kms après Melisey sont interminables.
Suis-je sur la bonne route !!?? Bordel les 25 h vont me passer sous le nez
Heureusement, une voiture de suiveur me rejoins. « C’est par là !! ». Je jette mes dernières forces dans le sillage de la 307. Froideconche, il est -5. Je vais le faire. La pancarte Luxeuil, c’est gagné !!! Non, il faut encore traverser toute cette satanée ville. J’ignore les feux rouges pour sprinter vers le lieu d’arrivée quand les cloches sonnent 10 h 00. Damned, il est trop tard : 25 h 03’ à la montre de J-C ……………